Garona

Garona3Un coup de sifflet marqua le début de la compétition. Pour la dixième année consécutive, la descente de la Garonne en radeau venait de démarrer.  Les plus grandes entreprises de la région rivalisaient d’inventivité pour participer à cette course légendaire. Dès l’aube, un flux ininterrompu d’embarcations prit place sur la ligne de départ.  Engins spatiaux, voitures de course, bêtes monstrueuses, se côtoyaient dans un joyeux tintamarre. Notre équipe, composée de six moussaillons déguisés en saucisses de Toulouse, était juchée sur un radeau figurant une boîte de cassoulet. J’ignore pourquoi, mais j’avais été nommé capitaine de notre petite troupe. Ce n’était sûrement pas pour mes connaissances en matière de navigation. Des quatre éléments, l’eau était celui qui m’avait toujours posé le plus de problèmes.

Quelques mois plus tôt, pendant la canicule du mois de juillet, j’avais évité de peu la noyade lors d’une baignade forcée au lac de Saint-Ferréol. Descendre le talus pour profiter de la fraîcheur de la cascade était une tradition. J’ignore quelle mouche me piqua, mais au lieu de longer la jetée comme le font les gens sensés, je bondis sans prévenir sur le parapet. Malgré de vigoureux moulinets dignes d’un danseur étoile tout droit sorti des ballets du Bolchoï, je ne pus éviter la chute dans les eaux troubles du lac. Mes vêtements gorgés d’eau pesaient bien lourd. Je commençai à partir à la dérive quand les secours se matérialisèrent sous la forme d’un pédalo rouge et blanc. Je remontai sur la berge, ruisselant comme une fontaine et la goutte au nez.

Aujourd’hui, avec la course de radeaux, c’était une autre paire de manches. Le débit du fleuve n’était pas pour me rassurer et quand bien même il y aurait un trésor à la clé, la motivation n’y était pas. En ma qualité de saucisse en chef, je me hissai péniblement au sommet de la boîte. Nous nous apprêtions à passer une étape périlleuse, une gorge étroite et abrupte. C’est alors que pour mon plus grand malheur je glissai sur un grain de haricot géant. Ma maladresse, doublée d’une incroyable malchance nous fit arriver bons derniers. Une chose était sûre : on ne m’y reprendrait plus.  Et puis, inutile d’insister, je resterai muet comme une carpe. Il est hors de question que je vous donne le nom de l’entreprise pour laquelle nous avons concouru.

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Voici ma participation au défi
LES PLUMES à thème n°8   lancé par Asphodèle
sur le blog  Les lectures d’Asphodèle .

L’exercice consistait à rédiger un texte ayant pour thème l’eau ou les eaux, les mots suivants étant imposés :

aube, fontaine, débit, grand, fraîcheur, cascade, baignade, chute,
flux, dérive, trésor, noyade, trouble, goutte et glisser, gorge, grain.

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Les coulisses de l’histoire

Comment j’en suis venue à penser à la descente de la Garonne en radeau, mystère. D’autant plus que je n’y ai jamais assisté ni de près ni de loin. J’en ai juste entendu parler de la bouche d’un participant. Cela dit, c’était un moyen bien commode d’écrire quelque chose de léger et d’un peu farfelu pour sortir du côté tragique souligné par Sébastien lors de sa  dernière visite.

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Et une petite vidéo ici.

15 réflexions sur “Garona

  1. Pas triste le texte : tu dois être ravissante en saucisse de toulouse !!! Je ne connaissais pas cette course à l’échalotte ! Elle mériterait un article à elle toute seule. Sympa les photos !!!
    Bravo Mon café que je suis en train de boire !!!

  2. Oui !!!
    Une saucisse en chef, une boîte de cassoulet géante et un haricot’s accident ! Je dis oui !
    Quant à l’entreprise, je dis William Saurin (sans vouloir faire de pub)

    Et pour le classement, peu importe car chère saucisse de Toulouse, n’oubliez pas que seule la cuiss… participation compte !

  3. Beau texte et des images de fraicheur qui me font un bien fou car là ou je suis, il fait une cahleur étouffante, irrespirable !!!!!!!!!!bisous et bravo

  4. Warf ! les moulinets avant la chute m’ont bien fait rire, oui on rit toujours de la chute des autres, c’est mal mais c’est un réflexe ! C’est le genre d’épreuves sportives que je laisse aux autres, je regarde ça de la berge moi aussi !!!

  5. Très drôle,très de saison,cett odyssée version Sud-Ouest.Personnellement un projet me tient à coeur,remonter la Vire déguisé en andouille à bord d’une bouteille de calvados.Merci pour cette descente-détente qui m’a fait bien rire.

  6. Cela me fait penser aux courses de montgolfières qui rivalisent elles aussi d’inventivité. Tous les mots y sont, et ton cassoulet est particulièrement digeste car on ne s’en aperçoit même pas! Chapeau, c’est du grand art.

  7. ah le déguisement en saucisse de Toulouse cela devait être quelque chose !
    je suppose que le radeau était peint en jaune moutarde avec des rubans violettes de Toulouse… Mais n’est-ce pas le comble que de glisser sur un haricot géant pour une saucisse.. je pose la question ! La fête battait son plein ! j’ai bien ri
    avec le sourire

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